Deuils non faits, secrets inavouables et inavoués, conflits non résolus…
Les thérapeutes le constatent : dans les familles, tout se sait, même lorsque cela n’a pas été dit.Et nous payons parfois cher, à notre insu, les dettes de la vie cachée de nos ancêtres en les exprimant, intuitivement, à travers notre corps et notre psyché.
Les mémoires issues de nos lignées familiales pourraient être engrammées dans nos cellules, et se transmettre de génération en génération.
Oui, les secrets de nos aïeux peuvent nous « empoisonner» la vie.
Oui, leurs traumatismes passés sous silence, leurs amours illicites, leurs douleurs ravalées, leurs espoirs déçus, leurs faux pas demeurés dans l’ombre, peuvent parfois expliquer nos dépressions, nos maladies, nos difficultés existentielles, nos phobies, nos complexes…
Et venir expliquer des événements répétitifs de nos existences, loi des séries et autres synchronicités comme des suites d’accidents, de fausses couches, de séparations, de ruptures, de départs, d’échecs professionnels etc.
Bien des thérapeutes le constatent, sans pouvoir l’expliquer : dans les familles, tout se sait, même lorsque cela n’a pas été dit.
Certains enfants et adultes, particulièrement sensibles et intuitifs, semblent plus réceptifs que d’autres à ces non-dits, allant jusqu’à les vivre et les exprimer dans leur corps intuitivement avec un symbolisme souvent frappant.
Marcel Ruffo dans “Œdipe toi-même”, évoque le cas de cette petite fille souffrant d’angoisses d’étouffement tous les soirs dans son lit au moment de s’endormir.
Son père était mort noyé, et personne n’avait pu lui dire la vérité.
Lorsque cela lui fut révélé, avec les mots choisis, ses symptômes cessèrent.
Aux côtés de notre inconscient individuel coexisterait ainsi un « inconscient familial ».
Dans cet espace cher à Jung, toutes les informations sont partagées dans une famille à un niveau subtil.
Transmis de génération en génération, ce « passif familial » imprime certains individus au plus profond de leur chair et de leur psyché, allant jusqu’à revivre, par « fidélité familiale inconsciente » certaines maladies traversées par leurs ancêtres, au même âge, ou reproduire des comportements aberrants. Ce fameux « passif » pourrait même avoir une origine génétique.
A l’Université de Genève, des recherches nous apprennent que des violences, des maltraitances, des abus sexuels pourraient s’inscrire dans l’ADN.
Aux Etats-Unis, une équipe a montré que les émotions vécues par les générations précédentes pouvaient se transmettre génétiquement.
Cette transmission transgénérationnelle peut s’étaler sur des durées insensées…
Des siècles, même ! Ainsi, dans Aïe mes Aieux, Anne-Marie Ancelin Shcutzenberger, raconte une histoire étonnante d’une famille hantée depuis des siècles par une malédiction de mort d’enfant à un âge précis, celle-ci se répétant de manière incessante.
Tout ce qui n’est pas dit est répété !
« Tout ce qui n’est pas dit est répété », il faut briser les chaînes du non-dit, et se libérer, non seulement pour soi-même, mais également pour les générations à venir.
Il existe plusieurs approches pour explorer ces pistes thérapeutiques, comme la psychogénéalogie, qui repose sur la pratique des arbres généalogiques.
Il existe aussi d’autres méthodes se basant sur la « Mémoire cellulaire », postulant que les mémoires issues de nos lignées familiales, qui sont engrammées dans nos cellules, et se transmettent de génération en génération.
Citons également des techniques alternatives d’explorations des mémoires, soit du corps, comme avec la kinésiologie, soit directement de l’inconscient avec l’hypnose ou encore en collectif avec les constellations familiales et systémiques de Bert Hellinger, sorte de jeux de rôle interactifs à visée thérapeutique.
Enfin, l’approche du « décodage biologique » permet d’apporter de la lumière sur ces symptômes du corps, en les reliant à une signification possible inconsciente.
Ces méthodes s’avèrent précieuse pour faire émerger des épisodes clés du passé ne demandant qu’à être exhumés pour être enfin assumés.
Une démarche qui demande un certain courage. Incompréhension, résistances, scepticisme, rétention, déni refus : il n’est jamais facile en effet de sortir les cadavres bien planqués au fond des placards…
Mais c’est le prix de la libération et de la guérison pour des personnes souvent à bout de souffle…